JOANNE SHAW TAYLOR: Wild (2016)
La tigresse du blues-rock sort à nouveau ses griffes avec la parution d’un album qui porte bien son nom car il est encore plus sauvage et brûlant que le précédent. La belle n’a rien perdu de sa voix délicieusement rauque ni de son jeu de guitare incisif et émotionnel. Enregistrée à Nashville, cette galette pourrait faire bien des ravages. Le disque démarre très fort avec « Dyin’ To Know », un shuffle saupoudré d’un zeste de « La Grange » et assaisonné à la sauce pop. Le solo, étonnamment hargneux de la part d’une femme, se plante directement dans le cœur de l’auditeur comme une flèche enflammée. « Ready To Roll » crée la surprise avec un tempo médium, une rythmique sudiste sur les couplets (comparable à celle de « Gambler’s Dream » de Danny Joe Brown) et des refrains dans le style du new Lynyrd Skynyrd. Des guitares à la tierce précèdent un bon solo d’inspiration sudiste. Apparemment, Joanne sait faire swinguer ses cordes. « Get You Back » (une « road song » au rythme soutenu) mélange allègrement les genres avec un cocktail audacieux qui pourrait se décrire ainsi : un soupçon d’Outlaws, une touche de Chris Isaak et une pointe de Jeff Healey (« The River Of No Return »). Le solo fait effectivement penser à la première période des Outlaws. Un titre très réussi !
L’intro planante de « No Reason To Stay » trompe son monde car le morceau s’oriente ensuite vers un esprit country à la Poco avec une pincée de Dire Straits et un solo vraiment bien senti (entre Mark Knopfler et Chris Rea). Á écouter quand on roule en bagnole dans le soleil couchant ! La « love song » « Wild Is The Wind » oscille entre ballade et chanson pop, avec un solo hyper mélodique et autoritaire en même temps ainsi qu’un final de six-cordes torturé. Cette performance démontre toute la maîtrise instrumentale et la sensibilité artistique de Joanne. Retour au rock énervé avec « Wanna be my lover » et son solo de haut vol exécuté à la Stratocaster (ambiance texane garantie avec quelques nuances à la Stevie Ray Vaughan). Notons aussi « I Wish I Could Wish You Back » (une superbe ballade avec une coloration country), “My Heart’s Got A Mind Of It’s Own” (un bon rhythm'n’blues cuivré) et “Nothin’ To Lose” (un rock avec un solo “killer”). L’album s’achève sur l’excellente reprise de “Summertime”. Joanne s’inspire amplement de la version de l’immense Janis Joplin, notamment pour le thème de guitare. Cependant, elle s’approprie complètement la chanson et envoie un solo mémorable avec son style personnel. Un grand moment ! Joanne a donc frappé très fort avec sa dernière production, très beau témoignage de son talent qui ne laissera personne insensible. Joanne Shaw Taylor ou la guitare rock au féminin ! Rock on, little sister !
Olivier Aubry